Comment faire son deuil ?
On est tous en deuil de quelque chose.
En tout cas, moi je le suis.
En deuil d’une personne, d’un groupe, d’une part de soi, d’une idée…
J’ai cette habitude, aussi loin que je ne me souvienne, qu’à chaque événement (qu’il soit heureux où malheureux) de déployer un stratagème qui me semble infaillible et protecteur.
Je compartimente tout, transpose toutes situations comme des donnés numériques dans un disque dur fraîchement défragmenté. Et les classe dans des alvéoles bien définies. Je visualise vraiment mon cerveau comme une ruche des plus ordonnées.
Si, par malheur, et malheur il y a, ce sont des événements tragiques, je mets une sécurité en plus, une sorte de cadenas mental. Par ce biais, je me protège. Je me protège des attaques psychologiques de ces souvenirs d’enfer, je me protège des autres en ne dévoilant rien, je me protège de moi-même en évitant de creuser sans cesse.
Ça fonctionne. Souvent. Mais pas tout le temps.
Selon la gravité des faits. Selon la période. Selon ma force mentale. Parfois, un cadenas saute. Et là, c’est le torrent d’émotions qui dévale dans mon crâne. Mon véritable enfer ne se trouve pas sous mes pieds, mais réellement dans ma tête.
J’ai beau faire tous les efforts du monde, de trouver au bout d’un moment la force de canaliser tout ce flux pesant, ça n’en reste pas moins douloureux et épuisant. Comme si j’étais marqué au fer rouge, et ce, par moi-même.
Ne plus rien gérer pour quelqu’un de ma trempe est un supplice.
Et le deuil dans tout ça ?
Est-ce une façon de faire son deuil ? Ou simplement d’occulter ces faits et vérités qui me font mal jusqu’à mon âme ? Il me semble connaître la réponse mais ce n’est vraiment ce que j’ai envie d’entendre.
Et puis comment faire son deuil si je ne sais pas comment être en deuil ?
Et puis comment être apaisé quand le sentiment de culpabilité te ronge jusqu’à la moelle ?
Que tout s’entrechoque dans le cerveau à ne plus distinguer les choses et à tout mélanger.
Cercle vicieux en perpétuelle mouvance.
Alors oui. Tout ça est loin d’être parfait. Mes solutions ne sont que des pansements avec une durée de vie qui ne prévient pas quand elle arrive à sa fin, brutale.
Mais je me bats et combats tous ces démons psychiques qui essaient de me faire chuter hors de mes murs mentaux instables.
Ces démons, véritables condensateurs de culpabilité, qui ne cessent de faire perdre confiance en soi.
Mais peut-être que le premier pas vers le véritable deuil, dans mon cas, est de se pardonner. De se relever. De regarder. De s’apaiser.
…
Texte vide-tête écrit d’une traite dans la nuit du 27/05/23-28/05/2023, avec un gout un peu trop salé de larmes, et l’album « Derrière moi » (2011) de Psykick Lyrikah dans les oreilles.
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